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Témoignage sur le lâcher prise !

Publié le 7 décembre 2022

Si j’accepte de témoigner sur le lâcher prise, c’est d’abord parce que Franck Abou est un ami. Au départ, rien ne nous prédestinait à nous rencontrer car Franck est co-fondateur d’entreprises qui proposent du jeu, de la détente, de l’amusement :  action game, accrobranche, paintball… tandis que mon métier consiste à former des salariés à bien s’exprimer à l’écrit : structurer, orthographier, ponctuer, synthétiser. Moi-même, j’ai très rarement joué y compris dans mon adolescence parce que tout ce qui n’était étudier, apprendre, comprendre ne comptait pas ; j’appréhendais toute forme d’amusement comme une perte de temps. Chaque minute doit être rentabilisée à lire, découvrir mais certainement pas à s’amuser. Je suis ainsi restée de longues années dans ma tour d’ivoire composée de granits intellectuels, de pierres conceptuelles précieuses, d’essais, de théories et de principes. Événements de la vie ou burn out, ma tour d’ivoire s’est effritée pour finir par se briser en mille morceaux. Tandis que je tanguais pour me relever et continuer sur le chemin du mal être, un jour, je trébuchai par hasard sur une lampe merveilleuse qui délivra un génie. Pour me remercier, celui-ci me demanda de lui formuler un vœu que je fis sans hésiter : apprends-moi à m’amuser. Avant de sceller notre accord, le génie me dit : « Tu devras d’abord lâcher prise ! » Fallait-il passer par une grosse crise ? En tout cas, j’ai dit « oui ».

Il a murmuré des incantations : agir sans s’inquiéter de l’avenir, renoncer à tout contrôler, accepter qui tu es, éviter de prouver, stopper la perfection, évacuer la pression, modérer ses émotions. Prends de la hauteur, montre tes valeurs, interroge tes peurs : repère-les, dompte-les et fais-en de puissantes alliées.

Il m’a fait fermer les yeux. Il m’a demandé de lui donner trois noms de personnes : une personne en qui j’avais confiance, une autre que j’admirais et une qui me faisait peur. J’ai donné les trois noms. Il a prononcé des formules magiques et nous nous sommes retrouvées toutes les quatre à Time Tripper, dans le continuum de l’espace-temps.

Et là, j’ai compris pourquoi je n’avais jamais joué ! J’ai compris parce que dans chaque salle, les chaînes de mes barrières tombaient : de la peur du jugement à celle de ne pas y arriver ou de réussir, de la volonté d’avoir toujours raison à la peur d’avoir tort, de l’humiliation que je m’infligeais à la gêne du regard bienveillant des autres que j’interprétais comme de la pitié… Une par une, les chaines se sont brisées et le vœu que j’avais demandé au génie s’est accompli : j’ai su jouer et m’amuser sans craindre le regard de l’autre ou les conséquences de quoique ce soit. Les trois personnes que j’avais choisies étaient toutes devenues des adjuvants : sans peur ni admiration, c’est toujours plus facile de s’amuser.

Alors, oui je témoigne comme rarement je le fais (pudeur et fierté se sont envolées) parce que je me suis aperçue que s’amuser c’était lâcher prise, laisser l’autre m’aider, le regarder comme une pièce du puzzle, pouvoir lui tendre une autre pièce sans craindre de perdre ma place. Qui faut-il que je remercie maintenant ? Time Tripper ou le génie ? Comme je ne savais pas à qui m’adresser, j’ai appelé Franck et je lui ai proposé d’écrire ce témoignage pour le remercier.